Une exposition-événement qui a eu lieu du 1er au 24 décembre 2022.

Chaque jour entre 10h00 et 21h00, le visiteur a pu découvrir un nouveau tableau sur le site web de filtrotters gallery et via sa chaine YouTube  https://www.youtube.com/channel/UC27ytgZ8_99p90Im0x0iO8g

 

Catalogue : L'entier de l'exposition évolutive est désormais accessible ci-desous et via YouTube. Le catalogue contient les 24 tableaux accompagnés des textes publiés du 1er au 24 décembre. Que l’heureux fou qui rencontre ce catalogue au détour d’une rue et décide de s’y plonger fasse bonne visite ! Une recherche de développement du projet en galerie physique et non virtuelle est en élaboration.

À propos du projet

CONTEMPLATIONS INTERSTITIELLES est une exposition évolutive et inédite de 24 tableaux en format vidéo. Pendant une période déterminée (du 1er au 24 décembre 2022), jour après jour et vidéo après vidéo, l’exposition accessible sur le web propose une œuvre ou une nouvelle étape clé de la composition d’un tableau en construction ; tout dépend de l’angle que chaque visiteur décide d’adopter. 

Dans un musée, il est commun de zapper d’une œuvre à une autre avec plus ou moins d’empressement aux allures plus ou moins frénétiques. Souvent avec l'intention de «tout voir » et peut-être parfois finir par ne rien voir vraiment et ressortir en se sentant, étourdi, gavé ou fatigué. Parfois, l’œuvre n’est même pas approchée directement par l’oeil mais à travers une machine qui photographie ou filme.

CONTEMPLATIONS INTERSTITIELLES est une exposition où la possibilité de papillonner d’un tableau à un autre n’existe pas. Chaque jour, le visiteur est ainsi invité à apprécier une unique œuvre dans un cadre de temps donné auquel il choisit de se soumettre totalement ou en partie en regard de ses dispositions de corps et d’esprit et des contraintes extérieures auxquelles il se soumet ou est soumis.

 

Un temps sous les yeux avertis de Chronos et dans des temps aux multiples dimensions : 

Celui de l’artiste qui se laisse inspirer dans sa chair, incube et élabore

Celui de l’esthète qui s’arrête et se laisse imprégner par l’élégance et la beauté d’une forme 

Celui du curieux qui se laisse chatouiller et piquer dans les méandres d’une performance artistique

Celui de l’hédoniste qui prend plaisir à s’arrêter pour goûter et savourer

Celui du sage qui connait l’art de l’expérience directe

Celui de l’addict au sensationnel qui veut vivre une expérience 

Celui du badaud qui flâne et s’étonne

Celui du jongleur qui danse avec diverses intentions

Celui du militant qui pose un acte politique

Celui de l’affranchi qui pose un acte hautement subversif et révolutionnaire

 

Les 24 tableaux proposés en format vidéo ont des durées qui s'étendent au fil des jours. Lors de la diffusion du projet en décembre 2022, chaque jour, un nouveau tableau a invité le visiteur à s'arrêter pour s'ouvrir à la beauté du temps qui défile en silence pendant que son regard se dépose et se repose. Ce projet avait la volonté de faire une proposition en décalage avec l'air du temps où le zapping et le scrolling sont devenus des sports populaires. Une proposition en décalage avec les approches consuméristes de l'art de vivre applaudies par des foules auxquelles sont généreusement servies des quantités astronomiques d'images et d'informations au quotidien. Une proposition à contre-courant du rythme frénétique des plans cinématographiques de beaucoup de films et autres contenus où il faut que ça bouge et vite. Cet événement s'est inscrit volontairement dans la période de l'Avent qui célèbre l'attente et l'avènement de la lumière.

Catalogue de l'exposition

01.12.2022

04.12.2022

07.12.2022

10.12.2022

13.12.2022

16.12.2022

19.12.2022

22.12.2022

02.12.22

05.12.2022

08.12.2022

11.12.2022

14.12.2022

17.12.2022

20.12.2022

23.12.2022

03.12.2022

06.12.2022

09.12.2022

12.12.2022

15.12.2022

18.12.2022

21.12.2022

12.2022


Textes publiés du 1er au 24 décembre 2022

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2 minutes. C'est court ? C'est long ? C'est selon ? Combien de fois par jour peut-on ou s'autorise-t-on à prendre 2 minutes pour contempler un objet ? Qu'est ce que l'idée d'un tel acte peut-elle évoquer chez chacun ?

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Poser son regard - Porter son regard. Déposer son regard. Quel regard? neutre? critique ? assassin? amoureux? tendre ? méfiant ? timide? furtif ? appuyé ? insistant ? libre ? Un regard autre? ailleurs ?

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"Ma femme ne s'arrête pas aux feux rouges. Elle prétend que quand on en a vu un, on les a tous vus" (George Burns). Et combien de nos regards neufs et frais ou de nos regards fatigués et blasés passent-ils les feux verts ?

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Alors qu'on peut penser raisonnablement qu'un tableau c'est fait pour être vu avec les yeux, c'est bien souvent la tête qui fait un festin en maniant avec fougue fourchettes et couteaux. Et pendant ce temps, les oreilles, le nez, les doigts et la bouche continuent à faire leur job en souriant.

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Prendre le temps. Par la main ? Mais le temps a-t-il seulement besoin qu'on lui tende la main? Ne serait-ce pas plutôt nous qui avons besoin qu'il nous prenne par la main ? Et n'est-ce pas ce qu'il fait pendant que les enfants terribles que nous sommes se battent contre ses embrassades ?

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Diantre, du neuf! Donnez-moi du neuf à me mettre sous la dent encore et encore car le neuf m'amuse. Venez ensuite avec du même et du pareil sur assiette pour que je m'ennuie. Pour terminer, servez-moi encore de ce même réchauffé au pareil et je me transformerai.

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"Je n'ai pas de temps. Non, vraiment, je n'ai pas le temps car oui, le temps me manque". Et lorsque le temps est là, enfin là, la disponibilité de s'adonner à ce dont on n'avait pas le temps et à ce dont on avait le manque de temps est-elle toujours et encore là?

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Quelles sont les options pour une tête lorsqu'elle qu'elle peut, qu'elle veut et qu'elle s'autorise à prendre et à explorer d'autres routes après avoir écumé quelques kilomètres sur l'autoroute du classique " j'aime, j'aime pas" ?

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Et le tableau demanda : Entendez-vous le choeur de mes décibels silencieux chanter ? Entendez-vous mes couleurs conter leur mélodie ? Entendez-vous le son de mes pas derrière mon apparente immobilité ?

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Comment notre regard balaie-t-il un tableau ? Aléatoirement ? Méthodiquement ? Globalement ? Méticuleusement ? En fronçant les sourcils ? Sans ciller ? Et avec quelle niveau de tension oculaire ? Et si cela importe, quel impact cela peut-il avoir sur notre rencontre avec lui ?

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"Tant de mains pour transformer ce monde, et si peu de regards pour le contempler" écrit Julien Gracq, écrivain. Et est-ce qu'en caressant un tableau du regard, on pose un acte qui transforme également ce monde ?

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Des lueurs comme des éclairs; d'une clarté aussi vive qu'éphémère. On parle de lueurs d'espoir. D'intelligence. Et la lueur d'une bougie, ça transpire quelle qualité dans les pores de notre peau ?

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Dans le cadre. Hors du cadre. Dans le champ. Hors du champ. Qu'est ce qui entre ou pas dans un cadre ? Qu'est-ce qui peut ôter la possibilité de gambader dans un champ et hors d'un cadre en toute liberté ?

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Quelle couleur donne-t-on a un moment de contemplation privilégié et choisi ? Et quelle robe colorée peut revêtir un moment contemplatif qui nous saisit à l'improviste?

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Deux vieux sur un banc. Une image d'Épinal d'un autre temps ? Une image tendre pour les vieux jours ? Et nous devant ce tableau, quelle expérience commune partageons-nous peut-être avec ces deux vieux ?

 

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L'art de s'arrêter au pays de la rapidité et du règne des corps assoiffés d'action. Un besoin ? Un défi ? Une nécessité ? Un plaisir ? Un acte politique? Un acte de résistance? Une performance ? Une impossibilité ? Et quelle(s) capacité(s) psycho-corporelle(s) cela requiert-il de ... s'arrêter ?

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Par quelle magie un choeur silencieux dans une nature apparemment morte peut-il parfois chuchoter des mots si doux à notre coeur ?

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"DON'T MISS THE SHOW", dit un médecin à son patient tétraplégique juste sorti du coma dans le film "souvenirs intimes" de Jean Beaudoin. Et pour toi, pour moi, pour nous qui lisons ces lignes en ce moment, quel est le spectacle à ne perdre sous aucun prétexte juste là, à cet instant, ici, dans la seule réalité qu'il soit ?

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Les musées et les galeries d'art ont une fonction commune avec les temples et les cathédrales. Au coeur de l'agitation des villes, ne sont-ils pas tous de précieux refuges ? Des abris nous invitant à réenchanter le monde pendant que nous nous relions à la beauté, au silence et à plus grand nous ?

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Il suffit d'une brèche lors de l'observation attentive pour que la connaissance directe d'un tableau jaillisse et balaie les concepts dont se gargarisent nos esprits. Et si on entrait plus souvent dans cette brèche à quoi ressembleraient nos mondanités ? Mangerait-on plus de petits fours pour combler quelques silences gênants ?

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Un nouveau tableau. Une nouvelle scène. Une nouvelle terre. Un nouvel univers. Une nouvelle promesse. Un nouveau voyage. Lumière s'il vous plaît ! Que jouent fifres et tambours, le spectacle est là ! Enthousiasme dénué de sériosité, mirettes scintillantes et innocentes, en êtes-vous ?

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S'arrêter. Entendre la foule qui s'agite et hurle. Plonger. Entendre encore la foule qui hurle et s'agite. Et pourtant, se retrouver là. Au coeur du temple. Epoké ! Vivencia ! Perles d'art parmi les arts. Et si la flamme d'une bougie était horizontale, le mot conTEMPLation existerait-il ?

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Prendre le temps. Ralentir. S'arrêter. Contempler. Être présent. Des besoins naturels. Des arts humains devenus des luxes nécessaires souvent inaccessibles dans une société qui s'étouffe. Pire, des concepts à la mode, des exercices. Et parmi les bouffées d'air, les poètes rêvent-ils encore d'être des bancs publics ?